Le curcuma (Curcuma longa ou Curcuma domestica) est une plante herbacée rhizomateuse  vivace originaire du sud de l'Asie.
Son rhizome séché et réduit en poudre est une épice très populaire. Le curcuma est un des principaux ingrédients du cari, un mélange d'épices omniprésent dans la cuisine indienne. En Asie, on a depuis longtemps découvert qu’ajouter du curcuma aux aliments permettait de conserver leur fraîcheur, leur saveur et leur valeur nutritive. C'est ainsi qu'avant l'époque des conservateurs synthétiques, le curcuma jouait un rôle primordial comme additif alimentaire. Le curcuma est aussi très largement utilisé dans la recette du colombo antillais, du ras-el-hanout du Maghreb, ainsi que dans la cuisine réunionnaise.
Sous le code "E100", le curcuma est l'un des colorants les plus couramment utilisés par l'industrie agroalimentaire. Le jaune profond de l'incontournable moutarde ? C'est lui, ou plutôt la curcumine ou diféruloylméthane, son principal pigment. Son nom chinois, Jianghuang, signifie « gingembre jaune », une allusion à sa ressemblance avec le gingembre, une plante de la même famille, et à la remarquable couleur de son rhizome qu'on a utilisé comme colorant et teinture. Parfois appelé "safran des Indes" ou "safran pays" à l'île de la Réunion, le curcuma ne doit cependant pas être confondu avec le véritable safran. C'est ainsi que la racine du curcuma ressemble au gingembre, sa couleur et son odeur ressemblent à celles du safran.
En médecine ayurvédique (médecine traditionnelle de l'Inde), de même que dans les médecines traditionnelles de la Chine, du Japon, de la Thaïlande et de l'Indonésie, qui en sont issues, le curcuma est utilisé pour stimuler la digestion et pour lutter contre divers troubles inflammatoires. Il est connu en Occident depuis l'Antiquité et décrit par Dioscoride (médecin et botaniste grec - I er siècle ap. JC) dans ses Materia Medica, ouvrage médical particulièrement important dans l'histoire de la botanique.
Enfin, le curcuma est particulièrement populaire dans la région d'Okinawa. Célèbres pour leur longévité, les habitants d'Okinawa considèrent que le curcuma est un des aliments contribuant à leur santé exceptionnelle.
Il est largement cultivé en Inde mais aussi, à un moindre degré, en Chine, à  Taïwan, au Japon, en Birmanie, en Indonésie et en Afrique.
En phytothérapie, on utilise le rhizome du curcuma, sa racine. Le rhizome est déterré avec précaution et coupé en morceaux. Puis on le fait bouillir ou chauffer à la vapeur et on ôte sa peau, avant de le sécher et de le broyer. On obtient alors une poudre jaune doré au goût épicé.Â
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Les principales substances contenues dans le curcuma sont les curcuminoïdes (la curcumine constitue environ 90 % de ces composés). Il s'agit d'antioxydants très puissants, qui pourraient expliquer un certain nombre des indications médicinales traditionnelles de cette plante, notamment pour le traitement de divers troubles inflammatoires dont les douleurs rhumatismales ou menstruelles. En Asie et en Inde, il est également utilisé de façon topique pour accélérer la guérison des ulcères, des blessures ainsi que des lésions causées par la gale et l’eczéma, par exemple.
Par ailleurs, le curcuma est composé d'huile essentielle (3 à 5% de zingibérène, de curcumènes et de turmérones), de principes amers, de résine et de composés phénoliques dérivés de l’acide caféique.
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Une des propriétés du curcuma réside dans son pouvoir anti-inflammatoire. Celui-ci s'exerce en réprimant les fonctions des principaux acteurs de l'inflammation, les cellules neutrophiles. Des essais in vitro et sur des animaux ont donné des résultats positifs pour le traitement de la colite ulcéreuse, de l’arthrite rhumatoïde, du sundrôme de l'intestin irritable, de la maladie de Crohn et de la pancréatite. Chez l’humain, les données sont encore parcellaires et il faudra attendre les résultats de plusieurs essais cliniques en cours pour se faire une idée plus exacte de son efficacité.
Lors d'essais, la curcumine s’est montrée aussi efficace que des anti-inflammatoires classiques (phénylbutazone dans le traitement de l’arthrite rhumatoïde et ibuprofène sur des personnes souffrant d’arthrose.
Par ailleurs, la curcumine a donné des résultats encourageants pour le traitement des oedèmes post-opératoires et de certaines inflammations de l’oeil.
La curcumine et ses dérivés sont anti-oxydants, piégeurs de radicaux libres et hépato-protecteurs.
Remède traditionnel contre la crise de foie, le curcuma agit en augmentant la secrétion de la bile dans l'intestion lors des phases digestives et sa synthèse par les cellules du foie (hépatocytes) ainsi que sa sécrétion dans l'intestin lors des phases digestives. La bile va pouvoir alors faciliter l'absorption intestinale des graisses et remplir pleinement sa fonction de solubilisation du cholestérol, favorisant son élimination fécale sous forme de sels biliaires (effet hypocholestérolémiant du curcuma).Â
Le curcuma agit d'autre part sur le syndrome du colon irritable qui est une modification de la vitesse de passage des aliments dans l'intestin accompagnée de malaises. Le curcuma agit contre ce syndrome, aussi appelé colopathie fonctionnelle, en stimulant de façon très sensible la production et la qualité du mucus gastrique. Celui-ci va alors tapisser la paroi intestinale et combattre les irritations, favorisant également une bonne rééducation du transit intestinal et une atténuation des douleurs abdominales.
Au bilan, le curcuma traite les symptômes de la crise de foie et du "colon irritable" et a un effet hypocholestérolémiant.
La Commission E et l’Organisation mondiale de la Santé reconnaissent l'efficacité des rhizomes du curcuma pour traiter la dyspepsie, c’est-à -dire des troubles digestifs, comme les maux d’estomac, les nausées, la perte d'appétit, les sensations de lourdeur ou le mal des transports.Â
Seulement 5 Indiens sur 100 000 sont touchés par le cancer de la prostate alors que cette maladie affecte environ 100 Nord-Américains sur 100 000 et on soupçonne que la forte consommation de curcuma y est pour quelque chose. La synergie des effets anti-inflammatoires et antioxydants de la curcumine permet de contrarier les substances cancérigènes apportées par l'alimentation ou résultant d'un comportement à risque (fumeur,..) en favorisant la fabrication d'enzymes qui aident à se débarrasser des cellules cancéreuses. La consommation de curcuma pourrait être associée à une baisse du risque de cancer chez les fumeurs. Par ailleurs, des études cliniques sont en cours et les premiers résultats sont prometteurs chez les personnes souffrant de de polypes intestinaux (polypose familiale), de cancer du pancréas ou de cancer colorectal, sous réserve que les quantités de curcumine absorbées soient conséquentes :  8 grammes par jour.Â
De nombreux résultats obtenus in vitro ou in vivoavec les animaux indiquent que la curcumine augmente également les effets thérapeutiques de la radiothérapie et de la chimiothérapie en rendant les cellules cancéreuses plus sensibles à ces traitements. Elle pourrait aussi réduire leurs effets indésirables.
En application topique locale, le curcuma serait également efficace contre certaines maladies de peau (Gale et Eczéma notamment).Â
En Inde, la prévalence de la maladie d’Alzheimer, chez les personnes âgées de 70 à 79 ans, est 4,4 fois inférieure à celle des Etats-Unis. Des chercheurs s’intéressent aux effets bénéfiques potentiels de la curcumine sur cette maladie  : 3 essais cliniques sont en cours.
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Le curcuma se présente généralement sous forme de poudre séchée ou de gélules de poudre. Il peut également se présenter sous forme de teinture-mère, d'extrait sec, d'extrait standardisé ou de jus.
Les effets du curcuma peuvent être renforcées par l'absorption de certains actifs naturels tels :
- le séné, la sauge, le romarin, la badiane, pour lutter contre les troubles digestifs,
- la chicorée, le radis noir ou l'artichaut, pour améliorer le fonctionnement du foie,
- l'ail, le bouleau, les germes de blé, la camomille pour lutter contre le mauvais cholestérol,
- le shiitake, la spiruline, le ginseng, le silicium organique, la centella asiatica, le thé vert (torréfié à la japonaise), l’éleuthérocoque, pour combattre le risque d'apparition de cancer.
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Aucun effet indésirable connu aux doses habituellement utilisées. Les effets du curcuma et de la curcumine peuvent, cependant, s'ajouter à ceux d'autres plantes, produits naturels ou médicament ayant un effet anti-inflammatoire.
Théoriquement, la curcumine peut interagir avec les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie.
Bien qu’on ne signale aucun cas d’effet indésirable lié à la consommation de curcuma et de curcumanoides (curcumine et dérivés) durant la grossesse compte tenu de leur importante consommation par les populations indiennes sans effet secondaire à ce niveau, certains auteurs estiment cependant qu’en raison de son emploi « traditionnel » pour traiter l’aménorrhée (absence de menstruations), les femmes enceintes devraient éviter de prendre de fortes doses de curcuma ou extrait de curcuma.
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Les consommateurs peuvent être induits en erreur en achetant de la poudre culinaire, faiblement titré en curcumines (5 à 6%). Il n'est pas possible dans ce cas d'en ressentir les bienfaits sur la santé si ce n'est sur la digestion. En effet, pour avoir une action anti-inflammatoire, les doses de curcumines doivent être très élevées.
A cet égard, il est conseillé d'utiliser des extraits de Curcuma fortement titrés en curcuminoïdes (95%) contenant de l'extrait de poivre noir constitué de pipérine, laquelle pipérine permet d'inhiber l'élimination naturelle de la curcumine par l'organisme.
Ainsi, en combinant la curcumine au poivre noir, on obtient une plus grande quantité de curcumine assimilée pour une même dose de curcuma.
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La grande biodisponibilité d'un extrait de Curcuma titré à 95% en curcuminoïdes, permet de limiter la prise quotidienne d'extait à 2 cuillères à soupe par jour.